Julien Wanders (Photo: Facebook Monaco Run)
Julien Wanders (Photo: Facebook Monaco Run)

Interview: Julien Wanders en veut beaucoup plus

Julien Wanders a marqué les esprits cet hiver, enchaînant les meilleures marques avec en point d’orgue un record d’Europe du semi-marathon (59’13, soit 19 secondes de mieux que Mo Farah). « Je vois ce record comme une très jolie étape », a expliqué le Genevois de 22 ans dans une interview accordée mercredi à Keystone-ATS. Déjà de retour au Kenya, il en veut beaucoup plus.

Julien Wanders, êtes-vous un athlète heureux?
« Je suis très heureux, mais je ne suis jamais satisfait. Sur le moment, j’étais heureux d’avoir atteint un objectif en battant ce record d’Europe. Mais un ou deux jours après, j’étais passé à autre chose. C’est mon caractère. J’ai du mal à fêter longtemps les choses. Je suis content de ce que j’ai fait (réd: il a également battu cet hiver le record du monde du 5 km sur route et le record d’Europe du 10 km sur route). Mais j’ai tout de suite eu un nouvel objectif en tête: la piste. Ce qui est bien, ce que c’est super tôt pour commencer la préparation sur la piste. Là, je vais me reposer une semaine afin de récupérer mentalement et d’être prêt à travailler pendant les trois prochains mois. »

N’êtes vous pas tenté de faire un premier test dès maintenant sur le marathon?
« C’est un peu trop tôt. Je ne veux pas m’éparpiller en faisant du marathon, du semi-marathon et de la piste. Mon programme actuel me suffit, avec 10 km et semi-marathon l’hiver, et piste l’été. Mais, après les JO de Tokyo, pourquoi ne pas s’essayer sur marathon tout en continuant avec la piste si tout va bien. »

Louis Heyer, l’entraîneur national du fond, a qualifié votre record d’Europe du semi-marathon de « plus grande performance suisse de toute l’histoire, tous sports d’endurance confondus ». Mais vous n’êtes que le 38e performer mondial de l’histoire. Comment jugez-vous ce chrono de 59’13?
« Je vois ce record comme une très jolie étape, comme un cap de passé. Avant, je battais des records de Suisse, et maintenant je bats des records d’Europe. Mais ce n’est pas une finalité en soi. Comme vous l’avez dit, une trentaine de coureurs ont fait mieux que moi. Je suis donc loin d’être arrivé là où je veux. Je n’ai pas pour objectif d’être le meilleur blanc ou le meilleur Européen. Ce chrono commence à être intéressant, mais j’en veux beaucoup plus. Je veux courir en 58′, et après je viserai le record du monde. »

Tadesse Abraham estime que les médailles sont au final plus importantes que les records. Qu’en pensez-vous?
« J’ai jusqu’ici eu plus de records que de médailles. Je n’ai d’ailleurs gagné aucune médaille dans un championnat international. Et je suis d’ailleurs fâché contre moi-même de ne pas y être encore parvenu. Les deux choses ont leur importance. Une carrière avec seulement des médailles, c’est beau, mais un record y ajoute quelque chose. Et c’est sûr que mon record d’Europe est important. Mais en même temps, je n’ai terminé que 4e à Ras Al Khaimah. C’est forcément autre chose de gagner un championnat du monde. »

Une médaille est-elle déjà envisageable cette année aux Mondiaux de Doha?
« Je pars toujours dans l’idée que tout est possible. Sans cela, je ne serais pas motivé. Je ne suis pas motivé par la perspective de terminer 10e. Même si ça peut paraître trop ambitieux, j’irai à Doha pour la gagne. Mais je ne vais pas le crier sur tous les toits. C’est ambitieux, c’est certain. Mais je veux avoir cette ouverture d’esprit et me dire que c’est possible. »

Votre préparation va-t-elle radicalement changer?
« Depuis octobre, ma préparation était axée sur le semi-marathon, avec des séances plus longues de course. Désormais, les séances seront plus courtes et plus nerveuses. Le but, c’est d’améliorer à nouveau mes chronos sur 1500 (réd: 3’43’39) et sur 3000 m (7’50’35). Je dois progresser en vitesse pure dans l’optique des grands championnats. Mais je devrais commencer ma saison avec un 10’000 m début mai. »

(ATS)