Zoe Ranzoni (20) est un des trois visages des 5 francs pour la relève. La coureuse de demi-fond tessinoise prometteuse combine études de médecine et sport de performance. Dans l’interview elle raconte ce que la course à pied signifie pour elle.
Zoe, au cours des deux derniers hivers tu as brillé avec tes records tessinois sur 800 m et 1000 m. Qu’ont déclenché ces succès ?
De la fierté, en fin de compte un record est un record. Mon nom figure sur les listes maintenant. Mais il faut aussi relativiser : mes records ont été établis en salle. Tout le monde ne tente pas sa chance en salle. Un record en plein air serait encore plus beau.
Quel est l’attrait des courses de demi-fond pour toi ?
Les courses de demi-fond sont exigeantes. Ce n’est pas un sprint, où il s’agit de partir à fond. Tu dois avoir une tête solide. Tu dois répartir tes efforts et courir tactiquement, te connaître, être consciente de tes limites. En courant beaucoup tu apprends à te connaître. La course est un processus permanent qui apporte beaucoup pour la vie : être organisée, ne jamais abandonner.
Quelle est la plus belle chose que tu aies vécue en tant que coureuse ?
La médaille d’argent sur 1500 m en 2018 aux CS U18, qui a été un succès inattendu pour moi. C’est alors que j’ai réalisé que ce hobby pouvait peut-être déboucher sur quelque chose.
Mais ces derniers temps, tu n’as pas pu te profiler comme tu le souhaitais. Pour quelle raison ?
À cause d’une blessure, une fracture de fatigue du métatarse. J’ai ainsi manqué la préparation d’été l’année dernière. J’ai n’ai plus pu rattraper le retard. Mais j’ai tout de même pu disputer quelques compétitions.
Qu’as-tu appris ?
Que moi aussi j’avais des limites. Je me suis dit : Zoe tu dois faire plus attention à ton corps.
Ce qui signifie ?
Ne pas vouloir faire quelque chose à tout prix. Avoir le courage d’arrêter quand je suis fatiguée. La blessure était frustrante, mais aussi importante. Quand tu ne fais que progresser, tu n’apprécies plus assez les succès. Maintenant ils me rendent plus heureuse.
Depuis septembre tu vis à Berne pendant la semaine à cause de tes études de médecine. Comment concilies-tu les études exigeantes et le sport ?
Ce n’est pas facile. Mais j’ai besoin de l’entraînement, justement après de longues heures passées dans l’aula. Je vais courir à l’air frais et je me sens rapidement mieux. Ensuite je peux mieux apprendre, mémoriser la matière.
Avec qui vas-tu courir ?
À Berne je n’ai pas encore rejoint un club ou un groupe de coureurs, ce qui a aussi des avantages : Je suis flexible. Généralement je cours six fois par semaine, mais parfois seulement quatre. Mon horaire n’est pas fixe. C’est lui qui décide. La plupart du temps je cours seule, ce qui a aussi des avantages. Je peux mieux écouter mon corps. C’est plus difficile sur la piste, quand il faut réaliser des chornos définis.
Comment résous-tu ce dilemme ?
Les entraînements importants sur piste, je les fais à Bellinzone le week-end avec mes camarades du club GAB Bellinzona. Je peux alors effectuer des séries beaucoup plus pénibles qu’en courant seule.
Comment varies-tu, quand tu cours seule ?
J’aime varier entre la piste, les courses d’endurance, la musculation, le fitness à l’université.
As-tu des modèles ?
Je regarde peu les autres. Ça me sert à quoi d’admirer les Ingebrigtsens : Il est illusoire de vouloir atteindre leur niveau. Et en général, personne n’a la même histoire que moi.
Quels objectifs poursuis-tu maintenant ?
Le changement du Tessin à Berne, les études – tout cela rend les objectifs plus difficiles. J’espère renouer avec le succès après les difficultés rencontrées ces derniers temps. J’aimerais bien établir à nouveau de nouvelles MPP. Je suis toutefois devenue prudente quand il s’agit de fixer des buts. Il est important pour moi de continuer à bien m’entraîner.
Comment es-tu devenue coureuse ?
J’ai commencé tôt. J’avais huit ans et je touchais à tout : sprint, saut, lancer. Mais mon talent pour le demi-fond est apparu très vite. Ma mère entraînait ce groupe d’entraînement à Locarno. Via les courses de cross, le Mille Gruyère, je me suis de plus en plus impliquée. L’entraînement me plaisait, j‘étais bonne, je progressais sans cesse.
Ce qui est rapidement devenu un problème.
Exactement. Le groupe devenait de plus en plus petit. Les jeunes coureuses ne pouvaient plus suivre le rythme. Les athlètes du même âge arrêtaient et je me suis retrouvée toute seule. C’était frustrant. Mais nous avons trouvé une bonne solution : Aux entraînements du centre d’appui j’ai fait la connaissance d’Enrico Caribponi et de son groupe. Une année plus tard je m’entraînais avec eux, puis j’ai rejoint GAB Bellinzona.
L’entretien avec Zoe Ranzoni a été mené par Jörg Greb.
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